Pour sa 26ème sortie, Da ! Heard It Records vous invite à partir à la rencontre de The Fat avec leur premier album : “Meat Me”.
The Fat, groupe basé au nord de Paris, est constitué de deux piliers, Jacques de Candé et Thomas Suire. En live, Louis Pontvianne et Romain Drogoul rejoignent les deux compères. Un an après leur première prestation scénique aux Instants Chavirés, au côté des pionniers de la musique industrielle russe Vetrophonia, sort leur premier album Meat Me.
L’envie du groupe est de laisser parler les synthés. Leurs qualités, leurs défauts, leurs dommages subits par le temps sont autant utilisés pour la conception des morceaux que les séances d’improvisation à rallonge. Un festival de Moog, DSI, Roland, Aelita, Jomox, Oberheim, Eowave...L’utilisation de machines exclusivement analogiques attise un son habituellement froid vers une moiteur latente. La construction des morceaux par une ligne de basse, trouble et en même temps bien cadrée, grâce à une solide rythmique biscuitée façon Oto, accentue notre indécision entre gesticulations saccadées ou pétrification d’émoi.
Au début de l’album, un battement principalement langoureux fausse toute pulsion d’excitation, et favorise une écoute attentionnée sur toutes les subtilités des variations des matières sonores. Quand le rythme s’accélère par la suite, un dialogue tribal s’installe, où la rondeur des échanges entre mélodies et pulsions primaires de la boîte à rythme s’enlacent de désespoir, comme si le bonheur n’appartenait toujours qu’au passé. Quelques gimmicks infecticidiens font éruption sur certains titres, et nos corps s’approprient cette musique par une gestuelle mesurée.
Maintenant c’est à vous d’apprécier et de faire remonter vos émotions. Chut!... écoutez, là...
ce petit son répétitif, en arrière plan, en spirale psychotique, vers où nous amène-t-il ? Ne nous dirigeons nous pas vers Forbidden Planet ?
Pour réaliser les visuels de la pochette, le groupe a fait appel à Pia-Mélissa Laroche, une graphiste illustratrice qui chérit la mine de plomb. L’univers de Pia est un mélange d’imagerie anatomique et de volumes géométriques où s’enchevêtrent sphères, cubes avec des cellules organiques. Nous nous perdons, comme des enfants, dans cette interprétation très personnelle d’un monde infiniment petit.
Danielle Josset (traduction)